Cher Serge,
J’ai créé Amussef en vue de créer un musée du monde séfarade à Paris, destiné à faire connaitre au grand public l’histoire des communautés juives qui habitaient naguère dans les pays arabes et en Iran et qui en ont été déracinées au milieu du siècle dernier.
Plusieurs centaines de personnes ont participé à mon assemblée constitutive en novembre 2018, aux divers évènements que j’ai organisés, notamment le 30 novembre de chaque année pour commémorer l’exil forcé des juifs des pays arabes, et plusieurs milliers lisaient ma lettre hebdomadaire, que j’écrivais personnellement.
J’ai fait approuver le projet scientifique et culturel établi en mai 2019 par Clara Jeangros sous l’égide du comité scientifique présidé par Anne Dulphy, auquel participaient de nombreuses personnalités dont Paul Dahan, David Encaoua, Michaël Grynszpan, Mireille Hadas-Lebel, Lyn Julius, Didier Nebot, Georges-Elias Sarfati….
Les membres d’Amussef ont versé fidèlement leur cotisation annuelle, ce qui m’a mis à la tête d’un magot de 150.000 €, très appréciable mais loin des 12 M€ qu’il me fallait pour louer et aménager le bel immeuble que j’avais en vue rue de Constantine et pour faire fonctionner le musée quelques années.
Tu connais toute cette histoire puisque tu étais, ainsi que Didier Nebot, vice-président d’Amussef. Aussi, lorsque vous m’avez annoncé que vous envisagiez de créer un Institut européen du monde séfarade, avec un objet voisin mais moins ambitieux, je vous ai proposé, à mon grand regret, de dissoudre notre association et de transmettre ses quelques objets au Mahj et ses fonds à l’INSSEF, moyennant ma nomination comme président d’honneur et l’affectation d’au moins 50.000 € à un prix séfarade dont je serais chargé de proposer les noms des affectataires, ce qui a été approuvé par une assemblée extraordinaire tenue le 30 décembre 2021, en suite de quoi nous avons signé un traité d’apport le 9 février 2022.
Tous ces documents sont disponibles sur le site Amussef.org, que je maintiens en activité car il contient beaucoup de richesses, contrairement au site de l’INSSEF, dont apparemment personne ne s’occupe : les statuts ne sont pas à jour, le bureau non plus, les actualités s’arrêtent à 2022…
Rédigée sous la direction de son premier vice-président Didier Nebot, en qui j’avais et j’ai encore toute confiance et qui vient de te manifester son profond désaccord en démissionnant, la charte de l’INSSEF commençait ainsi : L’institut européen du monde sépharade sera un lieu de recherche constitué d’enseignants, d’artistes, d’écrivains, de chercheurs. Il aura pour vocation d’étudier le passé et le devenir du monde sépharade pour une meilleure connaissance de son histoire trop souvent occultée…
Les choses ne se sont hélas pas passées comme prévu. L’INSSEF n’a pas fait grand-chose depuis 3 ans si ce n’est une réunion annuelle et une lettre bimensuelle sous-traitée à un prestataire extérieur qui a déjà coûté plusieurs dizaines de milliers d’euros, faute de candidats dans le bureau volontaires pour faire ce petit travail, un comité scientifique qui dort et un site internet en déshérence, de telle sorte qu’un tiers du magot que j’avais eu tant de mal à constituer, est maintenant mangé sans qu’il en résulte le moindre résultat concret lié à la charte de l’Institut, qui vit à mes crochets depuis 3 ans !
Malgré plusieurs demandes de ma part, aucune assemblée générale ne s’est tenue en 2023 ni en 2024, ne serait-ce que pour arrêter les comptes et pour renouveler le bureau qui avait été nommé pour 3 ans, ce qui fait que l’INSSEF s’est retrouvé en février 2025 sans organe de direction. L’assemblée du 10 février s’est bornée à arrêter les comptes. Une assemblée illégale, car convoquée par un bureau échu, s’est tenue le 16 juin et t’a renouvelé comme président, a élu à l’unanimité tous les candidats au conseil d’administration, sauf moi qui ai été élu de justesse malgré 8 oppositions (sans doute toi et tes 7 pouvoirs, tant il est vrai qu’on ne supporte pas la présence de son bienfaiteur !) et tu as nommé un bureau à ta main, oubliant ton engagement concernant mon poste de président d’honneur et mes responsabilités concernant le prix. Pour tenter de me faire taire, tu m’as même radié du groupe whatsapp du conseil, sans explication ! Tu m’avais déjà radié l’année dernière, mais c’était pour une bonne raison : la diffusion d’un dessin de Philippe-Elie Kassabi qui osait dire « place à la relève » !
Cher Serge, tu dois reconnaitre que les juifs exilés des pays arabes méritent mieux que cet embryon d’institut en mort cérébrale.
Malgré les pressions de certains de mes amis, je n’ai pas voulu entamer d’action judiciaire à ton encontre, bien qu’elle aurait certainement prospéré. Je n’ai pas voulu car les rivalités entre juifs sont pain bénit pour nos ennemis. J’ai attendu d’avoir une solution à proposer.
Voici un an, j’ai été contacté par David Dahan, un jeune avocat brillant, rien à voir avec toi, qui m’a proposé de participer à un Observatoire des juifs réfugiés des pays arabes, qu’il créait avec quelques amis, avec l’appui de JJAC (Justice for Jews of Arab Countries). J’ai accepté, constatant que son équipe était jeune et dynamique et réussissait en peu de temps à se faire connaitre sur les médias et les réseaux sociaux.
Alors, de même que j’ai compris en 2021 que je devais passer la main, en liquidant l’AMUSSEF et en transmettant ses avoirs à l’INSSEF, j’espère que tu comprendras qu’il est temps pour toi de faire de même en fusionnant l’INSSEF avec l’OJRPA et en passant la main à une nouvelle équipe jeune, motivée et dynamique.
Je propose donc que le conseil d’administration convoqué pour le 17 novembre approuve une résolution dans ce sens et convoque une assemblée extraordinaire dans les meilleurs délais.
Merci d’avance.
Hubert Lévy-Lambert 5 novembre 2025