Encore une riche moisson de livres sur les juifs méditerranéens et orientaux, d’Algérie à la Chine en passant par l’Irak…
New Babylonians. A History of Jews in Modern Iraq, par Orit Bashkin
Dans ce livre, Orit Bashkin raconte l’histoire d’une des plus grandes communautés juives du monde arabe, avant et après la création de l’État d’Israël. La communauté juive d’Irak, qui comptait plus de 150 000 membres et était très intégrée avant la guerre, a presque totalement émigré vers Israël ou en Occident en quelques années, notamment à la suite du Farhoud de 1941. Orit retrace une histoire complexe, celle d’une communauté juive arabe prise dans les turbulences d’une situation politique qui aboutit au départ de l’essentiel de la communauté, abandonnant le fruit de générations de travail.
Orit Bashkin est professeur assistant au département de langues et civilisations proche-orientales de l’Université de Chicago. Sa thèse de doctorat traite de la construction d’un espace public irakien et de l’émergence de discours démocratiques en Irak pendant l’entre-deux-guerres. Elle a écrit notamment The Other Iraq. Pluralism and Culture in Hashemite Iraq (2009) et Impossible exodus, Iraqi jews in Israel (2017)
Stanford University Press, 2012, 328 p https://lms.hypotheses.org/2764
La saveur de nos vies, par Deborah Elmalek
Ce roman commence comme une tragédie grecque. Jacques Kahn est un médiatique chef étoilé à qui tout réussit jusqu’à ce qu’une méchante juge lui cherche des poux dans la tête pour une question de crédit immobilier pas tout à fait cacher. Cette brutale descente aux enfers fait penser au sort de Carlos Ghosn ou à celui de Dominique Strauss-Kahn. Les malheurs de Jacques rejaillissent sur toute sa famille composée, décomposée et recomposée et notamment sur sa fille Eva, galeriste branchée un peu névrosée et oedipienne. Mais un avocat séduisant saura, grâce au jeu des sept familles et au Cluedo, déjouer le complot ourdi par une avocate sulfureuse avec une société luxembourgeoise. Après quelques coups de théâtre, l’histoire finit, heureusement, comme une comédie de Molière.
Déborah est la fille de Pierre Elmalek, fondateur de la Maison de la literie, né en 1946 en Algérie, qu’il a dû quitter en 1962. La saveur de nos vies est son premier roman. On attend le suivant avec impatience.
Editions Ecriture, 2020, 262 p
Les Juifs de Chine, par Caroline Rebouh
Des découvertes archéologiques démontrent une présence juive en Chine depuis le VIIIe siècle. Par ailleurs, des inscriptions prouvent que des familles juives y étaient installées depuis la dynastie des Han et sans doute avant. Caroline Rebouh nous fait découvrir l’histoire attachante et surprenante de cette communauté qui s’est maintenue en dépit des difficultés et réclame aujourd’hui d’être légalement reconnue en tant que communauté juive et de pouvoir vivre son judaïsme en paix.
Ce livre explique comment des Juifs fuyant l’Europe nazie ont trouvé refuge dans l’empire du Milieu et y ont fondé une dizaine de communautés, parmi lesquelles celles de Pékin et Shanghaï, dont nous avons parlé la semaine dernière.
Née à Alger et résidant en Israël, Caroline Rebouh est titulaire d’un master en hébreu et études juives, enseignante du judaïsme, conférencière, essayiste et traductrice.
Editions Persée, 2017, 203 p
http://www.morial.fr/18-actualites/1019-les-juifs-de-chine-de-caroline-rebouh.html …
Itinéraire d’un enfant juif d’Algérie, par René-Samuel Sirat
Le Grand rabbin Sirat revient dans ce livre sur son itinéraire qui résonne si profondément avec une certaine histoire de la France contemporaine. D’une enfance algérienne marquée par la culture judéo-arabe traditionnelle à la reconstruction de la communauté juive française après la Shoah, du travail universitaire et communautaire à la fraternité judéo-chrétienne et judéo-musulmane, c’est finalement toute la genèse de notre présent qu’il éclaire en témoin privilégié du siècle.
Né à Bône (devenue Annaba) en 1930, René-Samuel Sirat a été Grand-Rabbin de France de 1981 à 1988. Figure majeure du judaïsme français, il également été un acteur historique des études juives contemporaines ainsi que du dialogue interreligieux. Il a écrit de nombreux livres dont La joie austère (1990), La tendresse de Dieu (1996, en collaboration), Juifs, chrétiens, musulmans, lectures qui rassemblent, lectures qui séparent (2007, en collaboration), Héritages de Rachi (2014). Ses deux frères ont été assassinés, l’un à Paris l’autre à Constantine en 1962. Il vit actuellement à Jérusalem.
Albin Michel, 2020, 192 p
Son éclat seul me reste, par Natacha Wolinski
Papa est mort, lui a dit sa sœur au téléphone. Elle va le voir à la morgue,
derrière une vitre. Puis à sa crémation au Père Lachaise. Puis à son enterrement
à Montparnasse, accompagnée de ses sœurs Kika et Elsa et de sa fille Lola, « cette
famille où le malheur se transmet en silence, d’une génération à l’autre ».
Elle est comme une somnambule. Suis-je orpheline de toi ou de l’absence de
toi ? Tu vis désormais en moi comme le soleil de minuit, lactescent, éperdu de
blancheur. Tu habites l’univers et mon arrière-monde. Je ne te cherche pas, tu
es partout et introuvable. Tu es tapi dans le mohair des jours heureux. Tu es
un lierre au feuillage persistant. La mort n’est pas une fin. Mon refus de ta
disparition est tempéré par mon acceptation du monde.
Cherchant à définir le lien qui l’unit à son père, Georges Wolinski, natif de
Tunis, tué lors de l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, Natacha
revit ces jours sombres et interroge les confins rouillés de sa mémoire, à
travers une écriture qui revient inlassablement sur le motif. Entre refus et
acceptation, l’adieu au père devient un chant d’amour et de consolation.
Natacha est critique d’art et écrivain. Elle a publié En ton absence (2011). Elle était en reportage à Singapour lors de l’attentat. A la fin du livre, elle qualifie mon fils Guillaume, galériste à Singapour, qui s’est occupé d’elle après l’attentat, d’ange tombé du ciel. Elle a perdu sa mère à l’âge de 4 ans dans un accident de voiture et a été élevée par la seconde femme de Wolinski, Maryse, dont nous avons recensé la semaine dernière le livre Au risque de la Vie.
Editions Arléa, 2020, 65 p
Une histoire du naufrage du Struma / et des juifs de Bulgarie par Philippe Zaouati
Inspiré de faits réels, dont le naufrage du Struma en 1941, au large de la Turquie, où des centaines de juifs de Bulgarie et de Roumanie sombrèrent dans les fonds marins, ce livre apporte une autre vision de la guerre, vécue dans les pays de l’Est, tels que la Roumanie, la Bulgarie, en allant jusqu’à la Turquie.
«J’ai avancé à petits pas sur le chemin étroit et caillouteux, j’ai observé encore une fois les troncs des oliviers qui semblaient encore plus noués que lorsque j’étais venue ici la première fois, il y a quelques jours à peine. Je me suis assise par terre à côté de la tombe de Josef et j’ai pleuré.» De Paris au kibboutz Sasa, dans le nord d’Israël, en passant par Sofia, Prague, Haïfa, Istanbul, la narratrice redécouvre les chemins de son destin. Un destin fait de miracles, de sauvetage, de déchirements et de renaissance mais en a-t-elle vraiment compris tous les ressorts ? Quelle est donc la clé qui lui manque ?
Originaire de Marseille et ancien élève de l’ENSAE, Philippe Zaouati est patron de Mirova, société de gestion spécialisée dans l’économie durable et président de Osons le progrès. Il écrit beaucoup à ses moments perdus. Outre Naufrages, il a écrit La Gestion quantitative (1995) ; Investir responsable (2009) ; La fumée qui gronde (2011) ; la finance verte commence à Paris (2018) ; Finance durable, l’heure de la seconde chance (2020) et Applaudissez-moi (2020).
Editions des Rosiers, 2014, 119 p http://www.editionsdesrosiers.fr/products/naufrages/
Zvi KORETZ Grand Rabbin de Salonique, la réalité des faits
Suite à la publication d’une recension du livre de Michèle Kahn la semaine dernière, nous avons reçu la lettre suivante de Hélène B :
« J’ai eu connaissance de votre formidable initiative par mon amie Ellen P.
En tant que petite fille de déportés de Salonique, je tiens à vous faire connaitre la réaction de nombre d’entre nous dont Claudine Naar Cohen, ancienne directrice du Mémorial de la Shoah, après la parution du livre de Michèle Kahn. Le rabbin Koretz est considéré par tous les saloniciens comme celui qui a » donné » sa communauté pour sauver sa peau et celle de sa famille. Beaucoup de livres de survivants en témoignent. Or MK (j’ai assisté à une conférence qu’elle a donnée après la parution de son livre) a clairement avoué qu’elle n’a écrit ce livre qu’après avoir interrogé la veuve et le fils de ce rabbin mais aucun des survivants dont elle n’avait même pas lu les ouvrages, ce qui, vous en conviendrez, est pour le moins partial.
Ne voulant pas que ce livre, certes dit » roman », et que nous considérons comme une falsification de l’histoire, soit le seul écrit sur l’action de ce triste personnage, nous avons écrit un fascicule avec témoignages et références bibliographiques. Celui-ci a été accepté (et est donc disponible) par Yad Vashem, le mémorial de Washington, celui de Paris et également l’AIU, c’est dire son sérieux et son bien-fondé.
Habitant Paris, je me tiens à votre disposition pour vous rencontrer, vous communiquer les différents documents évoqués et surtout aimerais que vous apportiez ces précisions dans votre prochaine newsletter, ce ne seraient que justice et un maigre hommage à tous ceux qui sont partis sans retour. »
Chère Hélène, sachez que nous avons prévu que l’une de nos premières expositions temporaires, dès que le Mussef sera ouvert, sera consacrée aux Juifs de Salonique. Je me suis personnellement entretenu de la question avec Laurent Dassault lors de l’exposition parrainée par sa famille qui a eu lieu dans l’ancienne maison de ses ancêtres Allatini à Thessalonique au printemps 2019. Il y sera question d’Albert Bourla, vétérinaire juif né à Thessalonique en 1961, devenu patron de Pfizer, qui vient d’annoncer la prochaine mise sur le marché d’un vaccin anti-covid et fait l’objet d’une ignoble campagne antisémite en Grèce…
Pourquoi un musée du monde séfarade ?
Vous êtes un des derniers témoins de cette épreuve subie par les communautés séfarades, méditerranéennes et orientales au milieu du siècle dernier ? Ou ce sont vos parents ou grands-parents ou des amis proches qui vous l’ont racontée ? Vous pensez qu’elle doit être connue du grand public et servir d’exemple ? Aidez-nous à la maintenir vivante en nous envoyant de l’argent ou en nous envoyant votre histoire ou en vous impliquant personnellement !
Pour verser votre cotisation, à partir de 50 €, cliquez !
Votre don ne vous coûtera qu’un tiers, voire un quart si vous êtes à l’IFI
Pour raconter l’histoire de votre famille, cliquez !
Pour vous impliquer personnellement, écrivez-moi.
Toutes les bonnes volontés sont appréciées et particulièrement pour nous aider dans la levée de fonds.
Merci d’avance
Président d’Amussef
LA MEMOIRE VIVE DES COMMUNAUTES JUIVES DU MONDE SEFARADE, MEDITERRANEEN ET ORIENTAL
3 Comments
Pieds-noirs, les exilés d'Algérie pour l'éternité - Institut Européen du Monde Séfarade · 21 novembre 2022 at 12 h 36 min
[…] en 1946 en Algérie, qu’il a dû quitter en 1962. Elle a écrit récemment La saveur de nos vies (notre lettre du 15 novembre 2020). David Basant a écrit la pièce Merci pour […]
Premier sommet annuel sur les accords d’Abraham - Institut Européen du Monde Séfarade · 16 décembre 2022 at 17 h 19 min
[…] en 1946 en Algérie, qu’il a dû quitter en 1962. Elle a écrit récemment La saveur de nos vies (notre lettre du 15 novembre 2020). David Basant a écrit la pièce Merci pour […]
Allumage de la 8ème bougie ce dimanche au CEJ - Institut Européen du Monde Séfarade · 23 décembre 2022 at 11 h 06 min
[…] en 1946 en Algérie, qu’il a dû quitter en 1962. Elle a écrit récemment La saveur de nos vies (notre lettre du 15 novembre 2020). David Basant a écrit la pièce Merci pour […]