Notre nouvelle chargée de mission Marine a répondu le 21 décembre aux questions de Robert Sender dans l’émission Sortir avec Robert sur Radio J 94.8 FM. Ecoutez son interview roborative

et n’attendez pas le 31 décembre pour contribuer à la création du Musée du monde séfarade et réduire vos impôts ! DONNEZ

et utilisez vos loisirs de fin d’année pour lire quelques livres d’actualité !

After Saturday comes Sunday, par Susan Adelman

Dans ce livre, Susan Adelman nous fait rencontrer une vieille chaldéenne de Telkaif, en Irak, et une israélienne dont la famille vient de Zakho, en Irak. Leurs histoires illustrent les riches traditions séculaires qui sont en péril. Nous assistons en effet à la mort de l’araméen, langue majeure vieille de 3000 ans, l’ancienne langue impériale du Moyen-Orient, la langue du Talmud, la langue des Chaldéens et des Assyriens – jusqu’à ce que l’Etat islamique apparaisse. Les Juifs du Kurdistan parlaient araméen depuis l’exil assyrien en 722 avant JC, mais ils ont quitté l’Irak pour Israël dans les années 1950 et leurs enfants parlent hébreu. Aujourd’hui encore, les chrétiens chaldéens et assyriens prient en araméen dans les églises d’Orient mais ceux de la diaspora parlent d’autres langues. Alors que les missionnaires de l’Église répandaient autrefois leur religion et leur langue jusqu’à la Chine et l’Inde, leur territoire n’est maintenant plus qu’une petite fraction du Moyen-Orient, où ils sont menacés existentiellement. Mais l’Occident regarde ailleurs : le sort actuel des Chrétiens d’Orient n’intéresse pas grand monde, pas plus que celui des Juifs au milieu du siècle dernier. Après samedi, vient dimanche !

Chirurgienne pour enfants et artiste, Susan Adelman habite dans le Michigan. Elle a aussi écrit Rebel: A Biography of Ram Jethmalani.

Gorgias Press, 2018, 299 p

Des auteurs sépharades rencontrent des ashkénazes, par Elvira Grözinger

Dans cet article écrit en allemand, Elvira Grözinger présente trois auteurs séfarades contemporains et leur rencontre avec les Juifs ashkénazes. Les trois ont écrit des mémoires de leur enfance, de leur jeunesse et de la vie de leurs ancêtres juifs:

  • Marcel Bénabou, né en 1939 à Meknès, en France depuis 1956, membre de l’Oulipo, spécialiste de Georges Perec, auteur de nombreux livres dont Jacob, Ménahem et Mimoun. Une épopée familiale (1995) ;
  • André Aciman, né en 1951 à Alexandrie de parents partis de Turquie en 1905, expulsés d’Egypte en 1965 vers l’Italie puis les Etats-Unis, spécialiste de Marcel Proust, auteur de nombreux livres dont Adieu Alexandrie (Out of Egypt) (1995) et du best seller Appelle-moi par ton nom (2007) suivi de Trouve-moi (2020) ;
  • Mario Levi, né en 1957 à Istanbul, où il vit toujours, d’une famille expulsée d’Espagne en 1492, spécialiste de Jacques Brel, auteur de nombreux livres dont Istanbul était un conte, saga detrois générations de juifs stambouliotes au XXe siècle (1999, traduction française en 2012).

Née en 1947 à Cieplice (Pologne), Elvira Grözinger est historienne. Elle a écrit de nombreux articles et livres dont La belle juive. Clichés, mythes et préjugés sur les juifs dans la littérature (2003).

Dogma, revue de philosophie et de sciences humaines, printemps-été 2020, EG-Unbenannte-Anlage.pdf (dogma.lu)

Souvenirs d’en face, par Alain Mamou-Mani

A l’aube de sa soixantaine, Alain Mamou-Mani se sent bloqué. Il entame une « livranalyse » où il retrouve ses souvenirs d’enfance en Tunisie pleins de soleil et de joie, mais aussi mélancoliques.
Il s’interroge, ressent à nouveau les émotions de sa vie là-bas, de ses traditions, de ses paysages, de ses odeurs qu’il croyait oubliés…Cette civilisation millénaire disparue en un souffle.
Il revit les déchirements de son départ et en parle pour mieux se reconstruire… Et trouver un sens à sa vie.

Alain Mamou-Mani, né en 1949 à Nabeul (Tunisie), fait ses études en Tunisie jusqu’en Math Sup,puis  sa famille doit s’exiler et il poursuit ses études à Paris. Il est diplômé de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et titulaire d’une maitrise d’informatique de Paris VI. Serial entrepreneur, après dix ans à BNP PARIBAS, il crée des start-up puis devient producteur de cinéma. Il a publié plusieurs essais et romans dont les Dix Commandements (2000), Au-delà du Profit (2014) ou Kill Jean, comment ils ont tué Jean Seberg (2019).

Amazon, nouvelle édition 2020, 173 p

Portraits : Portrait du colonisé, Portrait du colonisateur, Portrait du décolonisé arabo-musulman et de quelques autres, Portrait d’un Juif, La libération du Juif et L’homme dominé, par Albert Memmi

Avec ces différents portraits, Albert Memmi a voulu chercher les différentes manières de se libérer de l’oppression. Pour cela, il a observé les relations complexes entre dominants et dominés et s’est interrogé sur ses contradictions et ses conflits intérieurs. Assortie d’un important appareil critique, cette publication constitue une synthèse de ce qu’il considérait comme son combat politique.  

Mort en mai 2020, Albert Memmi est né en 1920 à Tunis, aîné de huit enfants. Son père, François Memmi, est un artisan bourrelier d’origine juive italienne ; sa mère, Marguerite Sarfati, juive sépharade d’ascendance berbère est analphabète.

Bachelier en 1939, il commence des études de philosophie à Alger. Après un séjour en camp de travail forcé en 1942-43, il reprend ses études de philosophie en 1944, d’abord à Alger, puis à Paris. Il est naturalisé français en 1967. Bien qu’ayant soutenu le mouvement d’émancipation de la Tunisie, il ne peut trouver sa place dans le nouvel État musulman. Il a écrit de nombreux livres, depuis La statue de sel (1953), roman autobiographique préfacé par Albert Camus, jusqu’à Le testament insolent (2009), où il revient sur son parcours, relit son œuvre pour en donner les clés et s’interroge sur ce qu’elle nous donne à penser aujourd’hui.

La SHJT lui a rendu hommage dimanche 6 décembre 2020. Hommage à Albert Memmi (1920-2020) – SHJT

Ed. du CNRS, coll. « Planète libre », 2015, 1294 p.

L’Etoile et le Sceptre, par Emmanuel Navon

Dans ce livre, qui doit bientôt paraitre en français, Emmanuel Navon explique qu’Israël est enraciné dans deux idées centrales, représentées par l’Étoile de David (la foi) et le Sceptre (le pouvoir politique). Tout d’abord, il soutient que les interactions des Juifs avec le monde ont toujours été mieux servies en combinant foi et pragmatisme. Il montre ensuite comment l’État d’Israël doit ses réalisations diplomatiques à l’affirmation de soi nationale et à la puissance dure, non seulement à la force militaire, mais aussi aux prouesses économiques et à l’innovation technologique. Démontrant que la diplomatie est un équilibre entre les idéaux et la realpolitik, il tire des leçons ambitieuses et pragmatiques de l’histoire diplomatique exceptionnelle d’Israël.

Emmanuel a présenté son livre lors d’un entretien organisé par la Fondation France-Israël le 6 décembre, que vous pouvez revoir sur Israël et le Monde Arabe:Comprendre le Ré-alignement Géopolitique du Proche Orient – YouTube

Né à Paris en 1971 sous le patronyme de Mréjen, Emmanuel Navon enseigne les relations internationales à l’Université de Tel-Aviv et au Centre interdisciplinaire de Herzliya. Il est également chercheur au Forum Kohelet et à l’Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité et analyste senior pour i24news. Il a écrit de nombreux articles et livres dont The Victory of Zionism: Reclaiming the Narrative About Israel’s Domestic, Regional, and International Challenges (2014), From Israel With Hope: Why and How Israel Will Continue to Thrive (2010) ou A Plight Among the Nations: Israel’s Foreign Policy Between Nationalism and Realism (2009).

The Jewish Publication Society/University of Nebraska Press, 2020, 496 p

L’exode oublié, réfugiés juifs des pays arabes, par Moïse Rahmani

Moïse Rahmani explique crûment que d’un côté l’opinion publique n’ignore rien du drame des réfugiés palestiniens maintenus volontairement dans cet état de précarité et de misère tant par les régimes arabes que par une Autorité palestinienne corrompue, tandis que le sort des réfugiés juifs des pays arabes a été occulté durant plus de cinquante ans.

Depuis plus de deux mille ans des Juifs vivent au Moyen-Orient. Leur présence est antérieure à l’arrivée de l’Islam au VIIe siècle. En 1948, ils sont près d’un million qui devraient jouir de droits identiques à ceux des autres. Cela a donné naissance au mythe de la coexistence pacifique entre Juifs et Arabes. La déclaration d’indépendance d’Israël, le 15 mai 1948, voit déferler sur les communautés juives des pays arabes une vague de violences entraînant un début d’exode. Meurtres, arrestations, saisies des biens, expulsions… Par dizaines de milliers ils quittent cette terre d’Islam devenue inhospitalière. Chaque conflit entre Israël et ses voisins entraîne une nouvelle fuite des Juifs qui s’accrochent encore : 1956, 1967, 1973. 2003 : les communautés juives, jadis prospères, sont exsangues.

Aujourd’hui, moins de quatre mille Juifs vivent, toujours menacés, dans les pays arabo-musulmans. Cinquante ans ont passé, les souvenirs affleurent. Leurs enfants, le monde doivent connaître enfin la vérité. Par le biais de souvenirs personnels de l’auteur et à travers des témoignages, souvent poignants, sans complaisance mais sans haine ni amertume, voici les heurs et malheurs des Juifs des pays arabes.

Mort en 2016 à Bruxelles, Moïse n’aura pas connu le dégel des relations entre Israël et certains pays arabes comme les Emirats ou le Maroc. Peut-être aurait-il écrit une nouvelle édition plus optimiste ?

Moïse Rahmani est né au Caire en 1944. Dans les années 1990, il a lancé la revue trimestrielle Los Muestros que l’on retrouve sur le site www.sefarad.org (sous les publications de Institut Sépharade Européen] qui publie, entre autres, des nouvelles des communautés séfarades du monde entier. Il a écrit de nombreuses publications dont deux sur la communauté juive du Congo ex belge, foyer de beaucoup de ceux qui, comme une partie de sa famille, ont quitté leur maison ancestrale de l’île de Rhodes pour le Congo ex Belge.

Editions Raphaël, 2003 et Luc Pire, 2006, 192 p

À la recherche de l’autre temps, par Daniel Sibony

Le temps : quoi de plus familier ? quoi de plus insaisissable ? Daniel Sibony en donne dans ce livre, préfacé par le grand mathématicien Alain Connes, des aperçus pénétrants. Il est question du temps complexe et rationalisé de la physique ou de la métaphysique, abordées sans lourdeur, mais non sans payer son tribut au mystère.

Il est question aussi du temps de la mémoire et de la nostalgie, cet « effort pour remonter le désir épuisé vers les lieux d’autrefois où il était plein de lui-même ; comme des poissons remontent le flux vers des lieux où se reproduire ».

Au fil des pages, Daniel Sibony dit la place qu’occupe le temps dans nos vies : chacun est concerné, entre le désir de « prendre son temps », la crainte d’être « pris » par le temps et l’angoisse de vieillir.

Le propos est riche des multiples ressources de l’auteur : mathématicien, physicien, théologien, psychanalyste exposant des cas très parlants. Avec un art consommé du verbe, il exploite en virtuose la façon propre qu’a le langage d’ensemencer et d’éclairer la réflexion.

Daniel Sibony est psychanalyste et écrivain. Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages dont Don de soi ou partage de soi ?, Lectures bibliques, De l’identité à l’existence, Le Grand Malentendu. Islam, Israël, Occident. 

Odile Jacob, 2020, 272 p

Pourquoi un musée du monde séfarade ?

Vous êtes un des derniers témoins de cette épreuve subie par les communautés séfarades, méditerranéennes et orientales au milieu du siècle dernier ? Ou ce sont vos parents ou grands-parents ou des amis proches qui vous l’ont racontée ? Vous pensez qu’elle doit être connue du grand public et servir d’exemple ? Aidez-nous à la maintenir vivante en nous envoyant de l’argent ou en nous envoyant votre histoire ou en vous impliquant personnellement !

Pour verser votre cotisation, à partir de 50 €,  cliquez !

Faites-le avant le 31 décembre et vous réduirez vos impôts de cette année ! Votre don ne vous coûtera qu’un tiers, voire un quart si vous êtes à l’IFI .

Si vous le voulez, ce ne sera pas qu’un rêve ! Merci d’avance et bonnes fêtes de fin d’année !

 Hubert Lévy-Lambert Président d’Amussef

LA MEMOIRE VIVE DES COMMUNAUTES JUIVES DU MONDE SEFARADE, MEDITERRANEEN ET ORIENTAL

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3 Comments

Gainsbourg sur la 3, Canetti sur Youtube et François en Irak. – AMUSSEF · 11 avril 2021 at 13 h 43 min

[…] Aujourd’hui, les chrétiens d’Orient sont menacés. Alors que notre monde est fait de diversité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse, le Moyen-Orient se vide de cette richesse et se prive d’un apport essentiel pour favoriser la compréhension entre les groupes et les minorités. Mais pourquoi en est-on arrivé là ? Comment cette diversité a-t-elle été gérée, voire malmenée dans le monde arabe ? Que dire d’un tel drame ? À travers des rappels historiques indispensables, Joseph Yacoub cible deux menaces principales. Dans sa volonté d’arabisation à outrance, le nationalisme arabe, fût-il laïcisant, s’est montré par choix idéologique peu respectueux des chrétiens, comme on l’a vu en Syrie et en Irak. À cela s’est ajoutée la montée d’un islam radical et violent, dont les nouvelles formes atteignent l’Occident même. Face à cette tragédie qui rappelle à maints égards le génocide de 1915, qui toucha Assyro-Chaldéens-Syriaques et Arméniens, il s’agit tout à la fois de comprendre et de suggérer quelques pistes concrètes en termes d’alternative pour que survive ce christianisme autochtone et apostolique, fortement enraciné et universel, riche de culture et de modernité. Dans  le Figaro du 5 mars, Yacoub fait un parallèle avec l’exode forcé des juifs d’Irak. Voir plus haut. Voir aussi After Saturday comes Sunday de Susan Adelman dans notre lettre du 22 décembre. […]

Création d’un fichier des témoignages des juifs exilés des pays arabes – AMUSSEF · 24 juin 2022 at 22 h 05 min

[…] donnant le nom d’Albert Memmi, Homme de lettres et Défenseur des minorités (1920-2020, cf notre lettre du 22 décembre 2020), à une Place du 4ème arrondissement, à l’angle de la rue du Temple et de la rue de la […]

La paille et la poutre - Institut Européen du Monde Séfarade · 23 novembre 2022 at 12 h 49 min

[…] Né à Marrakech en 1942, exilé en France en 1955, Daniel Sibony est psychanalyste et écrivain. Il a écrit une quarantaine d’ouvrages dont Lectures bibliques, De l’identité à l’existence, Le Grand Malentendu. Islam, Israël, Occident et, dernièrement, À la recherche de l’autre temps (notre lettre du 23 décembre 2020). […]

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