Affiche sur la place Mohammed V

Si vous voulez connaitre l’histoire des juifs du bassin méditerranéen, courez à l’Institut du Monde Arabe. Vous y verrez une exposition temporaire qui pourrait être la préfiguration du Musée du monde séfarade sur lequel nous travaillons depuis 3 ans.

Moïse par Chagall
Entrée de l’exposition

L’Institut du monde arabe consacre la totalité des 1000 m2 de son espace d’expositions temporaires à une grande rétrospective de la vie des communautés juives d’Orient, de l’antiquité à nos jours.

Sous-titré Une histoire plurimillénaire et divisé en 7 parties, comme Avesta avait prévu de la faire dans le parcours muséographique d’Amussef, le parcours commence par l’histoire des Hébreux avant les premiers temps de l’Islam, avec un accent sur leurs synagogues et leurs langues et le rappel de la prééminence du Temple de Jérusalem, jusqu’à la funeste rencontre des tribus juives d’Arabie avec l’Islam.

Souvenir de pélerinage en Terre Sainte (Gueniza du Caire 1780-1800) – coll AIU

Puis vient le temps des dynasties, du VIIème au XVème siècle, avec l’extraordinaire histoire de la Genizah du Caire, la vie de Maïmonide, dont des écrits ont été retrouvés dans la Geniza, et le début de la grande période des juifs en péninsule ibérique, appelée Al Andalus ou séfarad.

Couverture de challah pour shabbat, coll W Gross
Le temps des séfarades

Vient alors le temps des séfarades et leur expulsion d’Espagne puis du Portugal à la fin du XVème siècle et leur installation en Europe, au Maroc, et dans l’accueillant empire ottoman, notamment à Salonique, à Constantinople et dans ce qui s’appelait alors la Palestine. Une mention particulière est accordée à Safed.

Juive d’Alger par la princesse Mathilde Bonaparte 1866
Le sénateur Adolphe Crémieux par Lecomte du Nouy 1878

L’exposition se poursuit avec le temps de l’Europe et la présentation des conséquences de la colonisation de l’Algérie avec le décret Crémieux et la prise de contrôle des autres pays d’Afrique du Nord par la France, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni, avec une mention particulière aux peintres orientalistes, qui se sont particulièrement intéressés aux juifs et notamment à leurs femmes.

Robe de mariée Rabat 1900 – coll Paul Dahan
Vêtement de femme, Constantine, XIXè siècle, coll Mahj

On trouve ensuite la vie des communautés juives au tournant du XXème siècle, puis le temps des nationalismes marqué par le début du sionisme, le mandat britannique sur la Palestine et les horreurs du nazisme.

Collier, Yemen, XXè siècle, Israel Museum

L’exposition aborde enfin le temps des exils avec le plan de partage de la Palestine et la création de l’Etat d’Israël.

On y trouve plusieurs centaines d’œuvres provenant de grands musées français, comme le Louvre, le Mahj, le musée de Rabat, le British Museum ou le musée d’Israël, de grandes institutions, comme l’Alliance israélite universelle ou la BNF, et de collections privées dont celles de William Gross (Tel Aviv) et Paul Dahan (Bruxelles).

Plateau de pessah, Iran, XXè siècle, coll mahj
Robe de mariée, Bagdad, 1904, Israel Museum

Même si on peut regretter que le temps des exils du XXème siècle soit présenté de manière un peu tendancieuse, avec une symétrie excessive entre le départ de 600.000 arabes de Palestine et de 900.000 juifs des pays arabes, on peut apprécier que l’Institut du monde arabe ait réalisé cette exposition et en ait confié le commissariat à un juif exilé, Benjamin Stora. Nul doute que le dégel des relations entre Israël et plusieurs pays sunnites, dû à l’initiative de Donald Trump, a facilité la décision de Jack Lang et de son conseil d’administration de se lancer dans cette aventure.

Il faut souhaiter que l’exposition reçoive de nombreux visiteurs de tous les âges et de toutes les religions et, qui sait, qu’elle suscite des vocations de philanthropes désireux qu’elle soit une préfiguration du musée du monde séfarade dont beaucoup d’exilés attendent la création à Paris, tant il est vrai que, comme l’écrit Jack Lang en conclusion de son avant-propos, la connaissance est la meilleure arme contre l’intolérance.

La librairie de l’IMA

Outre le catalogue illustré (Gallimard/IMA, 2021, 224 pages) qui contient un avant-propos de Jack Lang, une introduction de Benjamin Stora et de nombreuses monographies signées de grands spécialistes comme Michel Abitbol, Denis Charbit, Dominique Jarrassé ou Sonia Fellous, on peut trouver à la librairie de l’IMA de nombreux livres sur les Juifs d’Orient.

Jusqu’au 13 mars 2022, tous les jours sauf le lundi.

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6 Comments

Patrick Drahi au Cercle Abravanel – AMUSSEF · 11 décembre 2021 at 14 h 32 min

[…] ce que nous aurions voulu vous montrer dans le musée du monde séfarade rue de Constantine. Voir notre lettre du 8 décembre pour plus de […]

Création de l’Institut européen du monde séfarade – AMUSSEF · 18 décembre 2021 at 11 h 32 min

[…] ralliés les habituels « idiots utiles » . Mais les chiens aboient, la caravane passe… Voir notre lettre du 8 décembre pour plus de […]

Création d’un prix d’histoire séfarade – AMUSSEF · 25 décembre 2021 at 12 h 24 min

[…] de BDS et les habituels « idiots utiles ». Mais les chiens aboient, la caravane passe… Voir notre lettre du 8 décembre pour plus de […]

RENCONTRE DEDICACE AVEC HAIM KORSIA ET JOANN SFAR le 18 janvier à 19 h. – AMUSSEF · 14 janvier 2022 at 19 h 13 min

[…] voir et revoir la magnifique exposition Juifs d’Orient, Une histoire plurimillénaire. Voir notre lettre du 8 décembre pour plus de […]

Les Chrétiens sont de plus en plus persécutés dans le monde – AMUSSEF · 22 janvier 2022 at 14 h 30 min

[…] voir et revoir la magnifique exposition Juifs d’Orient, Une histoire plurimillénaire. Voir notre lettre du 8 décembre pour plus de […]

Le prix Scopus à Olivier Nakache et Eric Toledano – AMUSSEF · 11 mars 2022 at 17 h 33 min

[…] La magnifique exposition Juifs d’Orient, Une histoire plurimillénaire, se termine le 13 mars. Voir notre lettre du 8 décembre […]

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